Hyperextension chez le bébé, quelles conséquences sur le développement moteur ?

 

L’hyperextension chez le bébé, également connue sous le nom d’hyperextension axiale mérite une attention particulière car elle peut entraver le développement moteur « harmonieux » de l’enfant en influant négativement sur le travail en binôme des muscles extenseurs-fléchisseurs et sur la motricité globale de l’enfant.

Le rôle des muscles dans le développement moteur harmonieux

Dès les premiers mois de vie, le nouveau-né apprend à se mouvoir et développe sa motricité.

Au cours des 2 – 2 ½ premiers mois de vie, les mouvement du nouveau-né sont peu harmonieux, imprécis et souvent involontaires. Vers 2 – 2 mois ½ il commence à mettre ses mains à la bouche, et fait sa première grande découverte, indispensable pour son futur développement.

Au fil du temps le bébé pose son regard sur ses mains, un jouet, un proche, et c’est alors que la motricité volontaire va se mettre en route, assurant le développement moteur « harmonieux » de l’enfant.

Chaque articulation, chaque groupe musculaire travaille en binôme extenseur-fléchisseur. Ce qui signifie que si un muscle « fléchisseur » est sollicité, le binôme « extenseur » se  relâche au même moment. Un mouvement harmonieux est un mouvement où le binôme s’accorde parfaitement. Quand un muscle se contracte, l’autre se relâche et inversement. La répétition et la succession de ces mouvements vont permettre à l’enfant de franchir chaque étape du développement moteur et d’acquérir de nouvelles positions pour arriver un jour jusqu’à la marche.

 

Les raisons de l’hyperextension chez le bébé ?

Il n’y a pas de réponse claire, les raisons sont probablement multiples mais on retrouve au moins un point commun chez les bébés présentant une hyperextension : Le manque de maitrise du contrôle de tête.

De manière générale, le bébé est capable dès la naissance de maintenir sa tête. Dans  le cas des bébés qui présentent un schéma d’hyperextension, le contrôle de tête n’est pas correctement acquis.

Or, le contrôle de tête est la première étape indispensable à la mise en route de la motricité chez le bébé pour assurer ensuite un développement moteur « harmonieux ».

L’hyperextension est souvent un mécanisme de protection que le bébé active pour pallier aux mouvements incontrôlés de la tête. Le bébé sollicite les muscles des grands dorsaux, contracte ses bras et ses jambes pour assurer le maintien de sa tête. Les bras sont alors projetés en arrière, les poings se ferment et le regard se dirige vers le haut.

 

Les signes de l’hyperextension chez le bébé

Bien souvent les bébés en hyperextension présentent des mouvements rapides, involontaires faisant penser à une forme d’impatience.

Les parents peuvent ressentir une réticence du bébé à se blottir. Le portage est difficile, le bébé « pousse » en arrière, avec un appui postérieur au niveau du dos.

Les signes de l’hyperextension sont multiples, allant d’une asymétrie posturale à une déformation crânienne ou des troubles de la succion :

  • Mains fermées la plupart du temps
  • Regroupement difficile
  • Pleurs fréquents
  • Difficultés à se blottir
  • Position dorsale mal tolérée
  • Position ventrale encore moins bien tolérée
  • Prise d’aliment parfois compliquée
  • Regard souvent dirigé en arrière
  • Portage difficile
  • Avec ou sans déformation crânienne (Plagiocéphalie / Brachycéphalie)

Comment remédier à l’hyperextension ?

Pour remédier à l’hyperextension chez le bébé, il faut que les muscles qui « tirent » dans le sens opposé responsables de l’hyperextension soient relâchés.

Pour se faire, il est recommandé d’installer le bébé dans une position qui favorise l’enroulement de la colonne vertébrale.

Lors des périodes de repos, l’utilisation du cosy est préconisée, à condition que le bébé soit correctement positionné, car cela favorise l’enroulement de la colonne vertébrale et assure un relâchement des muscles postérieurs.

Lors des phases d’éveil, le portage actif, les positions d’enroulement au sol et lors des transferts et la position ventrale sont des moyens efficaces pour inhiber naturellement l’hyperextension.

 

La position sur le ventre est souvent la plus difficile à acquérir pour l’enfant.

Pour aider l’enfant à aimer cette position,  il faut augmenter de façon progressive le temps passé sur le ventre aussi appelé « Tummy Time », lors des séances de rééducation.

Quelques secondes seulement au début, puis le kinésithérapeute positionne le bébé en enroulant le bassin pour permettre le relâchement musculaire, il peut ensuite reproposer la position sur le ventre.

L’HAS recommande dès la naissance la posture sur le ventre du nourrisson lors d’échanges privilégiés avec l’adulte, en surveillance permanente mais aussi l’enroulement des ceintures (bassin, épaules) dans la gestuelle au quotidien y compris lors du portage.

https://www.has-sante.fr/jcms/p_3151574/fr/prevention-des-deformations-craniennes-positionnelles-dcp-et-mort-inattendue-du-nourrisson

La gestuelle et les exercices réalisés au cours des séances de rééducation, devront être répétées par les parents et/ou l’entourage de l’enfant au quotidien.

  

Conclusion

En conclusion, l’hyperextension chez le bébé est un sujet important qui nécessite toute notre attention en tant que thérapeute. La connaissance et l’identification des signes précoces, la mise en œuvre de mesures appropriées dès le plus jeune âge, permettent ainsi d’inhiber l’hyperextension ou d’en limiter les conséquences associées pour aider nos jeunes patients à développer une motricité harmonieuse et arriver un jour jusqu’à la marche.