Les réflexes archaïques jouent-ils un rôle dans le développement neuromoteur du bébé. Ces mouvements involontaires et automatiques, présents dès la vie intra-utérine, constituent-ils réellement les fondations sur lesquelles se construisent les compétences motrices plus complexe de l’enfant ?
Dans cet article, nous explorerons les différents réflexes archaïques et leurs rôles, leurs potentiels impacts sur le développement de l’enfant, et les outils et exercices de rééducation qui permettent de favoriser les mouvements volontaire et autonomes de l’enfant.
Les principaux réflexes archaïques
Le réflexe de Babinski : l’explorateur plantaire
Le réflexe de Babinski se manifeste lorsqu’on stimule la plante du pied du bébé. En réponse, les orteils s’écartent en éventail, tandis que le gros orteil se relève. Ce réflexe, présent jusqu’à l’acquisition de la marche.
Le réflexe de Moro : l’instinct de survie primaire
Le réflexe de Moro est une réaction à un stimulus soudain, comme un bruit fort ou un mouvement brusque. Le bébé étend ses bras et ses jambes, puis les ramène rapidement vers son corps. Ce réflexe, qui disparaît généralement vers 4-5 mois, est considéré comme un vestige de notre instinct de survie primitif.
Le réflexe de succion : le nutritionniste inné
Le réflexe de succion permet au nouveau-né de s’alimenter dès ses premiers instants de vie. Il est même déjà présent in utero. Lorsqu’on touche les lèvres ou les joues du bébé, il commence automatiquement à téter. Ce réflexe persiste généralement jusqu’à l’âge de 3-4 mois.
Le réflexe de grasping : la prise précoce
Le réflexe de grasping des mains, ou réflexe d’agrippement, se produit lorsqu’on place un doigt dans la paume de la main du bébé. Celui-ci referme alors instinctivement ses doigts autour de l’objet. Ce réflexe, qui disparaît vers 5-6 mois, est considéré comme un précurseur de la préhension volontaire. L’équivalent se produit au niveau des pieds, il s’agit du réflexe de grasping des pieds.
Les liens entre réflexes archaïques et développement moteur de l’enfant
Certains réflexes, comme le réflexe de Moro, ont une fonction protectrice évidente. Ils permettent au nouveau-né de réagir instinctivement à des situations potentiellement dangereuses.
Il est commun de « penser » que les réflexes archaïques préparent le terrain pour le développement des compétences motrices volontaires. Comme dans le cas du réflexe de marche automatique, où le nouveau-né semble « marcher » lorsqu’on le tient debout, qui serait un précurseur de la marche réelle.
Oui mais alors comment expliquer qu’un nouveau-né qui présente un réflexe de marche automatique peut ensuite plus tard présenter un retard dans l’acquisition de la marche autonome.. ?
Il existe indéniablement des liens entre les réflexes archaïques et le développement neuromoteur de l’enfant . Pour autant peut-on dire que les réflexes constituent les fondations sur lesquelles se construisent les mouvements volontaires plus complexes.. ?
Est-ce que le développement des mouvements volontaires, de la coordination et de l’équilibre ne mènerait-il pas naturellement et progressivement à une diminution des réflexes ? Pour exemple, le développement de la coordination œil-main entrainerait une disparition du réflexe tonique asymétrique du cou.
De la même façon, le développement postural et notamment L’acquisition du contrôle de la tête et du tronc, qui prépare l’enfant aux retournements, au 4 pattes, à la position assise puis à la marche permet de moins solliciter le réflexe automatique de redressement de la tête du nouveau-né.
Faut-il être attentif à la présence de réflexes archaïques chez l’enfant ?
La persistance des réflexes archaïques peut-être associée à un retard de développement moteur chez l’enfant. Ainsi, les réflexes persistent parce que les mouvements volontaires ne sont pas assez développés et les étapes motrices probablement pas encore acquises correctement.
D’une certaine façon, les réflexes persistent parce que le bébé n’a pas d’autres choix que de les conserver puisqu’il n’a pas encore développer son propre système de défense et qu’il n’a pas la capacité de se mouvoir de façon autonome.
L’observation attentive des réflexes archaïques peut aider à détecter précocement certains troubles du développement moteur de l’enfant, permettant ainsi une intervention rapide et efficace.
La rééducation en kinésithérapie pour favoriser le mouvement volontaire chez le bébé
Lorsque les réflexes archaïques persistent, la kinésithérapie peut jouer un rôle crucial en favorisant le mouvement volontaire. Les réflexes vont peu à peu disparaitre en même temps que le bébé développe de nouveaux mécanismes pour se mouvoir et moyens de se défendre de façon autonome.
Il n’est pas forcément nécessaire de faire une évaluation détaillée de la présence des réflexes archaïques mais plutôt de s’assurer que les mouvements volontaires se développent bien et que les étapes motrices sont correctement acquises et dans un ordre définit préétablit.
Stimuler les muscles et développer le mouvement
Des exercices spécifiques sont utilisés pour favoriser le mouvement. Par exemple, dans le cas du réflexe de grasping, le kinésithérapeute peut en ‘grattant’ le dos de la main avec une brosse à dent électrique stimuler l’ouverture de la main. A force de répétition, et de stimulation inverse des muscles impliqués dans le grasping de la main, le bébé va naturellement apprendre à ouvrir sa main pour pouvoir ensuite attraper l’objet qu’il désire.
Le kinésithérapeute propose des activités adaptées pour stimuler le développement des mouvements volontaires, en s’appuyant sur les réflexes existants pour construire des compétences motrices plus avancées.
Guidance parentale
Une partie importante de la rééducation consiste à informer les parents, les aider à favoriser le développement moteur de leur enfant à la maison.
Il s’agira également de donner les « bons » conseils aux parents et à l’entourage.
Toujours dans le cas du réflexe de grasping, en expliquant notamment l’importance que le bébé ne porte pas d’habits avec des manches trop longues qui pourraient venir stimuler la fermeture des mains par frottement et ainsi entretenir le réflexe de grasping.
Conclusion
Les réflexes archaïques sont primordiaux pour le nouveau-né et le bébé en attendant l’acquisition de mouvements volontaires et le développement de la motricité autonome.
L’observation des réflexes donne bien souvent des indications sur l’état du développement moteur de l’enfant. En tant que professionnels de santé, il est essentiel de connaitre ces réflexes, leur rôle et leur évolution normale. Cette connaissance associée à celle du développement moteur « harmonieux » de l’enfant nous permet d’identifier précocement d’éventuels retard ou troubles et d’intervenir de manière appropriée.
La recherche continue dans ce domaine et promet d’apporter de nouvelles perspectives sur le développement neuromoteur des enfants pour assurer toujours une meilleure prise en charge des plus jeunes patients.